Chaque génération naît dans un contexte historique, technologique et culturel qui façonne ses valeurs, ses comportements et sa manière de voir le monde. Depuis les Baby Boomers jusqu’à la génération Beta (2025), Gemme Fashion décrypte pour vous le panorama des principales générations qui cohabitent aujourd’hui et influencent notre société.
Les Baby Boomers (nés entre 1946 et 1964)
La génération des Baby Boomers a grandit dans un contexte d’après-guerre marqué par un profond optimisme et une forte croissance économique. C’est l’époque des Trente Glorieuses, de l’essor industriel, de l’urbanisation rapide et de la naissance de la société de consommation. Portés par un monde en reconstruction, les Boomers valorisent le travail, la stabilité, l’ascension sociale et une certaine loyauté envers les institutions. Ils ont vu émerger la télévision dans les foyers, connu les débuts du rock, et été les témoins ou acteurs des premiers grands mouvements de contre-culture, de mai 68 au flower power. Devenus adultes, ils ont souvent occupé des postes-clés dans l’économie, la politique et les grandes entreprises.
Mode hippies
Côté mode, cette génération a connu de grandes transformations stylistiques. Dans les années 50, l’élégance classique domine, avec costumes bien taillés, jupes longues et robes cintrées. Puis, à mesure que les mouvements contestataires émergent, les tenues se libèrent : place aux pantalons pattes d’éléphant, minijupes, chemises psychédéliques, jeans délavés et lunettes oversize. La mode devient un véritable moyen d’expression identitaire, influencée par les artistes, les mouvements hippies et les idoles de la pop culture.
Sur le plan culturel, Le Lauréat (1967), film emblématique avec Dustin Hoffman, incarne parfaitement les tensions intergénérationnelles de l’époque et le malaise identitaire d’une jeunesse en quête de liberté face aux modèles traditionnels. A noter : la chanson générique du film « Sound of Silence » de Simon & Garfunkel, devenue culte ! Côté jeunesse, Les Aventures de Tintin, issues de la bande dessinée puis adaptées à la télévision, nourrissent l’imaginaire d’exploration et de curiosité d’enfants baignés dans un monde en expansion.
La Génération X (nés entre 1965 et 1980)
La génération X arrive dans une période de profondes transitions. Après l’euphorie des Trente Glorieuses, elle hérite d’un monde plus instable : crises économiques, montée du chômage, explosion du divorce et premiers signes d’un changement social profond. C’est également l’époque de l’arrivée des ordinateurs personnels, qui préfigure la révolution numérique à venir. Souvent décrite comme une génération « sacrifiée », la génération X est prise entre les certitudes matérielles des Baby Boomers et les innovations vertigineuses des générations suivantes. Elle développe une identité fondée sur l’indépendance, le pragmatisme, le scepticisme, et surtout une forte capacité d’adaptation.
Côté mode, les années 70 et 80 voient naître un style en rupture avec les normes. Les jeans délavés, les vestes en cuir, les bandanas ou encore les vestes oversized s’imposent. La fin de la décennie marque l’arrivée du grunge, avec des chemises à carreaux, des looks décontractés voire négligés, en réaction au consumérisme. À l’inverse, les années 80 ont aussi été le théâtre de l’explosion des looks flashy, des épaulettes, des tenues sportives influencées par la culture pop et les clips vidéo diffusés en boucle sur MTV.
Appareil emblématique de la génération X, le Walkman, lancé par Sony en 1979, a révolutionné la manière d’écouter la musique. Pour la première fois, il devient possible d’emporter ses chansons partout, grâce à un simple lecteur de cassettes et un casque audio. Le Walkman incarne une liberté nouvelle, intime et mobile, en parfaite résonance avec les valeurs de cette génération : indépendance, individualisme, et autonomie. Il accompagne les trajets en bus, les moments solitaires, les rêveries adolescentes. Plus qu’un gadget, il devient un rituel générationnel, symbole de l’entrée dans une culture plus personnelle et introspective de la musique. Pour beaucoup de X, le “bruit du clic” en refermant le capot du Walkman est un souvenir aussi marquant que la bande-son qu’il diffusait.
Sur le plan culturel, Retour vers le futur (1985) incarne à merveille l’imaginaire de cette génération : entre fascination pour la technologie, nostalgie du passé, et humour décalé. Le film devient instantanément culte et reflète le rapport ambivalent de cette génération au progrès. Côté petit écran, le dessin animé Goldorak, diffusé à partir de 1978 en France, marque un tournant : c’est le premier grand succès de l’animation japonaise, avec ses robots géants, ses combats futuristes et ses intrigues dramatiques. Il ouvre la voie à toute une culture « manga » qui séduira profondément cette génération.
Walkman
Les Millennials (ou Génération Y, nés entre 1981 et 1996)
La génération Y, plus connue sous le nom de Millennials, regroupe les personnes nées entre 1981 et 1996. Elle a grandi dans un monde en pleine transformation, porté par la mondialisation, la révolution numérique, puis bouleversé par la crise économique de 2008. Elle assiste à l’émergence des réseaux sociaux, à la démocratisation d’Internet, puis des smartphones, qui transforment profondément les modes de vie. Les Millennials valorisent la flexibilité, la quête de sens, l’équilibre entre vie professionnelle et personnelle, et une grande ouverture au changement. En rupture avec les modèles traditionnels, ils réinventent le rapport au travail, à la consommation, à la famille, et cherchent davantage d’authenticité et d’engagement.
Sur le plan vestimentaire, leur adolescence a été marquée par les années 90 et 2000 : jeans baggy, baskets montantes, bandanas, puis plus tard le retour du style minimaliste, des fripes, et de la mode personnalisée. Les Millennials sont les premiers à naviguer entre les tendances physiques et numériques : ils s’inspirent autant des clips sur MTV que des premiers influenceurs sur Instagram, et cultivent un style hybride, entre casual chic et streetwear revisité.
Côté culture, peu de films ont autant marqué cette génération que Harry Potter à l’école des sorciers (2001). Véritable phénomène planétaire, la saga a grandi avec eux, mêlant magie, adolescence, amitié, quête de soi, et devenant un repère culturel intergénérationnel. Sur le petit écran, difficile de passer à côté du raz-de-marée Pokémon. Arrivée à la fin des années 90, la série animée, accompagnée de jeux vidéo, cartes à collectionner et produits dérivés, devient une passion mondiale et un marqueur générationnel fort, encore vivant dans la culture populaire actuelle.
La Génération Z (nés entre 1997 et 2010)
La génération Z, née entre 1997 et 2010, a évolué au cœur d’un monde instable et en perpétuelle mutation. Elle est marquée dès l’enfance par des crises successives : économiques, climatiques, sanitaires (comme la pandémie de COVID-19), et par une immersion totale dans la technologie. C’est la première génération 100 % numérique, née avec Internet, les réseaux sociaux et les smartphones dans les mains. Elle évolue dans une culture de l’instantanéité et de l’hyperconnexion, où l’information circule en continu via des plateformes comme TikTok, Instagram ou YouTube. Les Z valorisent la diversité, l’inclusion, la durabilité et développent très tôt une forme d’autodidaxie, apprenant par eux-mêmes, souvent en ligne, dans une logique de débrouillardise moderne.
En matière de mode, la génération Z rejette les codes rigides. Elle mélange volontiers les styles, les genres, les époques : look vintage, streetwear, années 2000 revisitées (Y2K), oversize, genderless… Tout est permis, tant que cela reflète l’identité personnelle. La seconde main, l’upcycling, les friperies ou les vêtements revendicatifs (slogans, causes sociales) occupent une place importante. Pour les Z, s’habiller est un acte d’expression, parfois militant.
Côté culture, Vice-Versa (Inside Out, 2015) s’impose comme un film marquant pour la jeunesse de la génération Z. Ce chef-d’œuvre d’animation de Pixar aborde avec justesse et sensibilité le fonctionnement des émotions, la santé mentale et le passage à l’adolescence, des thèmes auxquels cette génération est particulièrement attentive. En montrant que les émotions sont complexes et que la tristesse peut aussi avoir sa place, le film parle directement à une jeunesse lucide et introspective.
À la télévision, la série française Les Grandes Grandes Vacances (2015) se démarque comme une œuvre marquante pour de nombreux jeunes de la génération Z. Diffusée sur France Télévisions, cette série d’animation aborde avec justesse et sensibilité la Seconde Guerre mondiale, vue à travers les yeux de deux enfants. Avec un ton accessible mais jamais infantilisant, elle traite de la solidarité, de la peur, du courage et de la tolérance dans un contexte historique complexe. En mêlant mémoire, émotion et pédagogie, la série offre un récit ancré dans le réel, loin des univers fantaisistes, ce qui trouve un fort écho chez une génération soucieuse de comprendre les injustices passées pour mieux construire un avenir plus juste et inclusif.
Génération Z – Smartphones
Après les générations X, Y (Millennials) et Z, la classification alphabétique a atteint sa limite avec la lettre Z. Plutôt que de poursuivre avec des combinaisons comme AA ou AB, les experts ont choisi d’ouvrir un nouveau cycle en adoptant l’alphabet grec.
Ainsi est née la génération Alpha, désignant les enfants nés à partir de 2010, une génération entièrement immergée dans un monde numérique, technologique et en mutation rapide. Le terme « Alpha » marque un nouveau départ, symbolisant une rupture nette avec les précédentes générations. Dans cette continuité, les enfants nés à partir de 2025 sont désormais identifiés comme la génération Bêta, bien que cette appellation soit encore jeune. Ce changement de nomenclature reflète la volonté de mieux représenter des réalités sociétales et technologiques inédites, qui redéfinissent profondément les repères culturels, éducatifs et sociaux des plus jeunes.
La Génération Alpha (nés à partir de 2010)
La génération Alpha, née à partir de 2010, est la première à avoir grandi entièrement au 21e siècle. Elle évolue dans un monde profondément façonné par les technologies numériques, l’intelligence artificielle, les objets connectés, et un environnement post-pandémique. Leur quotidien est marqué par des outils qu’aucune autre génération n’a connus aussi tôt : tablettes éducatives, assistants vocaux, plateformes de streaming, mais aussi école numérique et apprentissage hybride. Leurs parents, souvent issus des générations Y (Millennials) ou Z, les éduquent avec une sensibilité nouvelle aux enjeux du bien-être, de la diversité et de la technologie. Même si leurs valeurs sont encore en formation, on observe déjà chez eux une grande familiarité avec les outils numériques, une exposition précoce à l’IA, et une forte influence de la personnalisation algorithmique sur leurs goûts et comportements.
Côté mode, les enfants Alpha sont habillés dans un style souvent confortable, coloré, unisexe, influencé par les tendances de leurs parents et les univers qu’ils regardent à l’écran. Des marques inclusives, des vêtements ludiques, éthiques ou connectés apparaissent dans leur garde-robe. L’idée de fonctionnalité, de durabilité, voire de responsabilité écologique, s’installe dès le plus jeune âge.
Au cinéma, Les Bad Guys (The Bad Guys, 2022) s’impose comme un film emblématique pour les enfants de la génération Alpha. Ce long-métrage d’animation, plein d’humour et d’action, revisite le mythe du « méchant » en abordant des thèmes essentiels : la transformation, la confiance, et le droit à l’erreur. Le tout porté par une esthétique vive et rythmée, parfaitement adaptée à l’attention visuelle des enfants d’aujourd’hui. Son ton malicieux et sa galerie de personnages attachants séduisent autant les enfants que leurs parents.
À la télévision, Pat Patrouille fait figure de référence incontournable. Diffusée depuis 2013, la série met en scène une équipe de chiots secouristes aux compétences variées, qui résolvent des missions en équipe. Son succès repose sur un format court, répétitif, rassurant, pensé pour les plus jeunes, avec des messages clairs autour de l’entraide, de la responsabilité et du travail collectif. Elle reflète parfaitement les habitudes de visionnage de la génération Alpha : des contenus à la demande, colorés, dynamiques et ludo-éducatifs.
Génération Bêta (à partir de 2025) : grandir dans un monde ultra-connecté
Alors que la génération Alpha continue à apprivoiser les écrans, une nouvelle génération pointe déjà à l’horizon : la génération Bêta, composée des enfants nés à partir de 2025. Bien qu’encore en devenir, elle fascine déjà sociologues, éducateurs et penseurs du futur, tant les mutations du monde qui l’accueillera sont profondes. Ces enfants naîtront dans un univers où l’intelligence artificielle, la réalité augmentée, l’automatisation et les biotechnologies feront partie intégrante du quotidien. Leur environnement, à la maison, à l’école ou en ville, sera intelligent et connecté, intégrant des assistants IA et des objets capables de s’adapter à leurs besoins en temps réel, dès la naissance.
Côté apprentissage, l’éducation devrait devenir ultra-personnalisée, grâce à des interfaces immersives (réalité mixte, neurotechnologies), remplaçant peu à peu les écrans traditionnels. Ces enfants apprendront dans des univers virtuels interactifs, guidés par des outils d’IA capables de suivre leur rythme cognitif. Ils seront aussi sensibilisés très tôt aux enjeux écologiques, car ils grandiront dans un monde affecté par le dérèglement climatique, les pénuries et les défis planétaires.
Sur le plan technologique et culturel, la génération Bêta sera probablement la première à vivre pleinement intégrée à l’intelligence artificielle. Leur musique pourra être générée sur mesure, remixée en temps réel selon leurs goûts ou leur humeur. Les concerts virtuels, les avatars interactifs et les créations homme-machine feront partie de leur culture quotidienne.
Côté valeurs, cette génération pourrait se distinguer par sa résilience, sa grande adaptabilité et une identité ultra-diversifiée, à la croisée des cultures, des genres et des références globalisées. La durabilité deviendra pour eux un réflexe, plus qu’un engagement. Ils pourraient aussi réclamer un droit à la déconnexion ou au contrôle de leurs données personnelles, tant leur vie numérique sera précoce et intense.
Enfin, en matière de mode, la génération Bêta pourrait porter des vêtements intelligents, connectés, biodégradables, voire auto-régulés en température. Leur style sera largement influencé par leurs avatars virtuels, mêlant esthétique numérique et personnalisation poussée. Grâce à l’IA, la mode imprimée à la demande et sur-mesure algorithmique pourrait devenir la norme.
Génération Beta
Ce qui distingue la génération Bêta des précédentes, c’est qu’elle grandira sans mémoire du monde « pré-digital ». Elle sera élevée dans un environnement hautement automatisé, mais confrontée à des défis majeurs : changements climatiques extrêmes, tensions géopolitiques, crises écologiques, nouvelles maladies, gestion de la vie numérique et de la santé mentale. Leur plus grand défi sera peut-être de trouver un équilibre entre hyperconnexion technologique et humanité retrouvée.
Encore à naître, la génération Bêta symbolise déjà les espoirs et les inquiétudes d’un monde en mutation. Elle portera sans doute les codes d’un nouveau contrat entre l’humain, la machine et la planète. Ce sera une génération à la fois augmentée, consciente… et résolument nouvelle. Certains experts prévoient qu’on pourrait un jour parler de Génération Gamma, Delta, etc., mais les noms définitifs dépendront aussi du contexte mondial à venir (technologique, économique, climatique…). Mais, du vinyle au streaming, du jean flare au jogging fluo, des odeurs des livres aux écrans tactiles, chaque génération imprime sa marque sur la société. Connaître leurs repères, c’est apprendre à composer avec les mutations du monde contemporain, et peut-être à mieux dialoguer entre elles.
Angélys Saint-Clair